Vers un moratoire sur les nouveaux parkings ?

Publié le par ARDSL (avec tdg.ch)

Pour les écologistes, un recensement de l’offre est un préalable obligé à toute extension des disponibilités de stationnement. La mairie de Genève envisage de piétonniser le quartier de Rive en creusant un parking sous la rue Pierre-Fatio. Les Verts sont sceptiques.

Pas de statistiques ? Pas de parking ! Tel est le principe voté lundi 10 janvier par les Verts de la Ville de Genève, réunis en assemblée générale. La section demande un décompte exhaustif des places disponibles avant d’en prévoir de nouvelles. Elle se prononçait alors que l’Exécutif de la Ville projette de piétonniser plusieurs rues, tout en compensant les places supprimées en surface avec un nouvel ouvrage qu’un promoteur propose de bâtir sous la rue Pierre-Fatio. En juin, le Conseil municipal a envoyé en commission un crédit d’études à cette fin : les Verts étaient alors entrés en matière, à la différence de la plupart de leurs alliés de gauche.

Le projet de résolution des Verts exige, comme préalable à tout nouvel ouvrage de stationnement, une étude complète sur les parkings publics et privés, leur coût, leurs tarifs et leur taux d’occupation. Selon le texte, on sait que Genève est la ville suisse la mieux dotée en places publiques : 236 pour 1000 habitants (contre 222 à Lausanne ou 177 à Zurich). Mais pour les places privées, on ne dispose que d’une évaluation : elles seraient 47 500, soit «un gros tiers de l’offre totale». Or, pour les Verts, «les parkings sont des aspirateurs à voitures», comme l’a rappelé leur présidente Fabienne Fischer.

Guerre des transports

Le texte relève que les parkings existants peinent à faire le plein alors que leur construction, onéreuse, aggrave le prix des logements. Des places privées semblent être sous-louées à prix d’or aux pendulaires par des habitants qui se replient sur les zones bleues: avec un macaron à 142€ par an, elles permettent «un usage quasi privé du domaine public pour un tarif de l’ordre de 2 centimes/heure».

Lors de l’assemblée, certains militants ont jugé le texte trop timoré. Mais Fabienne Fischer a rappelé le contexte politique: «Si nous nous opposons par principe au parking des Clés de Rive, nous donnerons du grain à moudre à la droite qui nous accuse d’avoir déclenché une guerre des transports. Exiger des chiffres est une preuve de pragmatisme de notre part: on doit inclure les parkings privés dans le débat afin de montrer qu’il est inutile d’en construire davantage.» Le conseiller national Ueli Leuenberger a proposé de muscler le texte en y introduisant le terme de moratoire.

La droite s’insurge

Libéraux et radicaux ont réagi dans la foulée à la proposition verte, jugée «égoïste et dogmatique». Selon eux, «le but ultime de cette manœuvre n’est pas l’amélioration de la qualité de vie des habitants en aménageant des zones piétonnes, mais bien la remise en cause de la liberté du choix du moyen de transport». Le centre droit craint dès lors que la piétonnisation souhaitée par la Mairie ne se fasse sans compensation des places de parking perdue. Libéraux et radicaux ont rendu publique un projet de motion urgente, demandant qu’on étudie l’extension de certains parkings existants ou qu’on étudie l’enfouissement de places situées en surface, par exemple rue Hoffmann ou rue Dancet.

Publié dans Genève

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