Le directeur des CFF s'exprime dans le Matin Dimanche

Publié le par ARDSL

Le journal romand Le Matin Dimanche publie dans son édition du 21 novembre une interview d'Andreas Meyer, le directeur des CFF. Il évoque les hausses tarifaires, la maintenance, la fréquentation ...


La tentative de limiter la validité des cartes journalières pour inciter les passagers non-pendulaires à éviter les heures de pointe a provoqué un tollé de la part des communes en début d'année. Avez-vous renoncé à ce genre de mesures ?

"Non, nous sommes actuellement en discussion avec l'Union des transports publics (UTP), et les 170 entreprises qui en font partie, au sujet d'une réforme du système des prix, différenciés en fonction des heures. Vu le nombre de partenaires, cela prend du temps. Et il y a aussi des intérêts divergents de la part des entreprises de transport des cantons touristiques, comme le Valais et les Grisons par exemple."

Le projet Mobilis, dans le canton de Vaud, prévoit l'usage du tarif AVS à partir de 9 h seulement. Une décision prise par les Transports lausannois, les CFF et les entreprises partenaires, qui soulève une vague de protestations.

"C'est une piste de réflexion possible pour l'UTP dans le cadre de la refonte du système tarifaire. Il faut se rendre compte que le problème des goulets d'étranglements et des heures de pointe nécessite des dizaines de milliards d'investissements pour seulement quatre heures problématiques par jour. Répartir les voyageurs dans la journée, et diminuer les concentrations aux heures de pointe est aussi à leur avantage du point de vue du confort et du point de vue financier. L'adaptation des horaires des entreprises représente une autre solution, comme l'ont fait l'EPFL et l'UNIL par exemple."

Les retraités ne risquent-ils pas de se sentir discriminés ?

"Pour les retraités, la mobilité fait bien sûr partie de leur qualité de vie. Mais je sens une discussion s'installer à ce sujet. La génération qui travaille aujourd'hui porte le poids de l'assainissement des caisses de pension, tandis que les retraités profitent de prix favorables. Est-ce juste de prolonger ces avantages ? Je pense que toutes les parties peuvent faire un effort. Mes parents, par exemple, acceptent très bien qu'il n'est pas dans leur intérêt de prendre le train aux heures de pointe."

Les billets augmentent de 5,9%. Va-t-on vers des hausses annuelles ?

"Malheureusement. Les éventuelles hausses sont décidées année après année avec nos partenaires de l'UTP, mais on peut s'attendre à ce que le prix des billets connaisse une hausse annuelle, d'environ 3%, même s'il est difficile d'estimer ce pourcentage à l'avance. Les CFF sont obligés d'adapter ces tarifs car d'ici à 2030 nous allons devoir débourser vingt milliards de notre poche pour l'augmentation du matériel roulant. Par ailleurs, les résultats de l'exercice 2010 seront sûrement moins bons que l'an passé."

La maintenance est de plus en plus chère. Pourquoi ?

"A cause du succès. Plus le réseau est utilisé, plus il faut l'entretenir. Mais nous avons aussi pris du retard ces dernières années dans l'entretien des lignes de contact et des rails. D'ici à 2020, il manque 6 milliards de francs pour maintenir une infrastructure adéquate et capable d'accueillir les nouveaux trains."

Comment les CFF peuvent-ils répondre à ce succès, avec plus de 900'000 passagers par jour en 2009, 50% de plus en 2030 et plus de 100% sur l'arc lémanique ?

"Tout d'abord en étoffant le matériel roulant. Sur ce point, nous avons passé commande de trains à deux étages pour le trafic régional chez Stadler et pour le trafic grandes lignes chez Bombardier, pour un total de 3,8 milliards de francs. Ils seront notamment mis en service sur les lignes Genève-Aéroport - Saint-Gall, puis Genève-Aéroport - Brigue, de façon échelonnée. Il s'agit aussi de développer les infrastructures et d'aménager les ouvrages pour la hauteur des voitures à deux étages, ce qui devrait être fait en 2012 jusqu'à Vevey, et à l'horizon 2020-2025 pour l'entier de la ligne du Simplon."

Berne alloue trois milliards pour la maintenance ces deux prochaines années. Un signe positif ?

"Oui, nous sommes soulagés que la convention de prestations 2011-2012 prévoie en tout 3,322 milliards de francs. J'ai une crainte: à force d'être focalisé sur la maintenance, il ne faudrait pas oublier les quelques travaux supplémentaires, pour lesquels nous avons besoin de 140 millions additionnels, dont 75 millions sont destinés à la Suisse romande."

Pour accueillir les nouvelles rames, plus longues ?

"Entre autres oui, mais la prolongation des quais à Lausanne n'est pas comprise dans ces 140 millions. Cette somme est prévue pour éliminer les goulets d'étranglement les plus urgents. Nous prévoyons aussi de prolonger le futur RegioExpress à deux étages jusqu'à Vevey. D'autres améliorations sont prévues à plus long terme. Le développement de l'infrastructure et l'engagement des nouveaux trains à deux étages de Stadler et de Bombardier permettront de doubler la capacité en places assises entre Genève et Lausanne d'ici à 2020-2025, indépendamment de la réalisation de la 3è voie."

Selon certains experts, votre parc immobilier est sous-évalué de 1,7 milliard de francs, et les surfaces commerciales louées trop bon marché. Une meilleure exploitation pourrait-elle contribuer à l'achat de matériel roulant ?

"Nous vendons déjà le patrimoine dont nous n'avons pas besoin pour rembourser les dettes contractées auprès des banques pour assainir notre caisse de pensions. La valeur de marché du patrimoine de CFF Immobilier est de 4,3 milliards pour les gares, 1,2 milliard pour les zones de développement, et 1,6 milliard pour les installations ferroviaires et les bâtiments administratifs. Ces montants ne sont absolument pas sous-estimés. Quant aux loyers, nous tenons à ce qu'ils soient ceux du marché, à quoi nous ajoutons encore un pourcentage de la recette."

Publié dans Suisse

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article