CFF : Fortes hausses en vue d'ici 2017

Publié le par ARDSL

Les hausses des tarifs CFF pourraient bien être plus élevées que les 10% annoncés jeudi 20 janvier par la ministre des transports Doris Leuthard dans son plan pour financer les infrastructures. Lire à ce sujet, notre billet La Confédération serre la vis pour augmenter les ressources des CFF

Selon l'édition du 23 janvier du Le Matin Dimanche, les hausses pourraient atteindre 50% d'ici 2017 pour les pendulaires. Outre l'augmentation de 10% annoncée par Doris Leuthard, il faut ajouter la hausse normale des CCF qui réclament 2% à 5% de plus par an, ainsi qu'une surtaxe de 10% minimum pour les grandes lignes aux heures de pointe.

Enfin, Berne prévoit de limiter drastiquement la déduction des frais professionnels des impôts.


L'article du Matin Dimanche

Les pendulaires paieront bien plus qu’annoncé

Quand on met bout à bout toutes les mesures prises tour à tour par les CFF, la Confédération et les cantons, la facture risque d’être particulièrement indigeste pour les pendulaires. Surtout pour ceux de la classe moyenne.

Les hausses des billets de train dépasseront de loin les 10% annoncés jeudi par la ministre des Transports, Doris Leuthard. Si son plan est suivi, les pendulaires, surtout ceux de la classe moyenne, dépenseront 50% à 100% de plus d’ici à 2017.

Si les Suisses veulent continuer à voir se développer leur infrastructure de transports ferroviaires, a expliqué jeudi Doris Leuthard, ils devront aussi mettre la main au porte-monnaie. La hausse, prévoit la conseillère fédérale, sera d’abord de 5% en moyenne en 2013, puis augmentera jusqu’en 2017, pour atteindre ces fameux 10%.

Ce qu’elle s’est toutefois bien gardée de souligner, c’est qu’à cette hausse s’en ajoutent d’autres, directement ou indirectement à charge des usagers. Ainsi, les CFF ont déjà prévu de continuer à demander une augmentation de tarifs de 2 à 5% par an, soit presque 20% d’ici à 2017. Le Conseil fédéral n’accordera certainement pas tout, mais on peut parier qu’après d’âpres négociations, 10% environ devraient quand même leur être cédés.

Prix selon la fréquentation

Les pendulaires sur les lignes très fréquentées comme Berne-Zurich ou Lausanne-Genève paieront encore plus. Car Doris Leuthard entend différencier les tarifs selon l’horaire, la demande et le matériel roulant. Là encore, 10% de surtaxe sont un minimum.

Enfin, la mesure qui semble anodine, mais qui fait mal. Surtout à la classe moyenne. La Confédération prévoit en effet de limiter drastiquement la possibilité de déduire les frais de déplacement professionnel des impôts. Avec un salaire net de 90 000 francs par an, un célibataire résidant à Lausanne et travaillant à Genève paierait 360 francs d’impôt fédéral en plus. Au total, ses déplacements à Genève lui reviendraient 3465 francs par an au lieu des 2385 francs actuels, soit une hausse de près de 45%. Et c’est un minimum.

Car la discussion politique ne fait que commencer. Les cantons sont également priés de verser 300 millions de francs par an. Pour les financer, certains, en particulier les cantons urbains, pourraient être tentés d’utiliser la même astuce fiscale que la Confédération. Et là, notre pauvre pendulaire célibataire paierait carrément 1500 francs d’impôts cantonal et communal en plus. Faisant plus que doubler le coût de ses déplacements.

Pour Peter Vollmer, président de l’Union des transports publics, le cumul de tous ces surcoûts pose un réel problème: «Au bout du compte, on risque de dépasser ce qui est supportable, et inciter les gens à ne plus prendre les transports en commun. Cela va à l’encontre de la politique de ces dernières années


Le Matin Dimanche publie également une interview de Doris Leuthard, la ministre des transports.

Madame Leuthard, pour payer les infrastructures, le prix des déplacements en train augmentera massivement. Les usagers sont inquiets.
Il faut garder les proportions. Cette contribution sera tout à fait acceptable. Pour un abonnement général 2e classe – qui coûte actuellement quelque 300 francs par mois – le pendulaire devrait débourser 15 francs de plus par mois dans la première phase dès 2013, pour arriver à 30 francs par la suite. La réduction de la déduction fiscale pour les déplacements ne concerne que l’impôt fédéral direct, ce qui devrait épargner les bas revenus. Une déduction plus faible me semble supportable, si l’on sait que les ménages dépensent en moyenne 3,2% de leur budget pour la mobilité.
Vous demandez aussi 300 millions de francs par an aux cantons. Certains vont juste les reporter sur les contribuables, en limitant comme au niveau fédéral la déduction fiscale pour déplacements professionnels.

C’est ouvert. Il y a différentes possibilités, mais il est trop tôt pour les présenter. Les cantons peuvent aussi renoncer à certains projets. En plus, ils sont soulagés par la reprise de 400 kilomètres de routes nationales par la Confédération qui se chargera de l’exploitation et de l’entretien.

Les cantons s’organisent déjà pour ne pas avoir à payer.
Les cantons bénéficieront de beaucoup de prestations supplémentaires, notamment dans le trafic régional. La Suisse romande en particulier, qui profite de façon massive de la première tranche de Rail 2030. Par exemple avec le désengorgement du nœud de Lausanne, la ligne Lausanne-Genève, ou Berne-Lausanne ensuite. Evidemment, on peut aussi renoncer à ces projets. Moi, je mets juste les faits sur la table: si on veut réaliser tout ce que prévoient les 21 milliards de Rail 2030, les financements actuels ne suffisent pas.

Ces investissements en Suisse romande auraient dû être faits il y a longtemps. Ces projets semblaient enfin acquis et là, vous mettez une condition supplémentaire…
Ces dernières années, partout en Suisse, des projets ont sans cesse été remis à plus tard; beaucoup de cantons étaient un peu frustrés. J’aurais aussi pu dire que, ma foi, on attendrait encore un peu avec tel ou tel chantier. Ou bien qu’on ferait un petit geste pour la Suisse romande en repoussant du même coup des projets zurichois. Mais ce n’est pas honnête.

Si votre projet échouait, quel serait le plan B  Faudrait-il renoncer à tout développement du réseau de transports ?
Si nous ne parvenions pas à nous accorder maintenant sur un concept de financement, cela nous bloquerait pour plusieurs années. L’argent pour les investissements ferait défaut. S’agissant du rail, l’argent à disposition ne suffit même pas à assurer l’entretien des infrastructures actuelles.

Et les dépenses fédérales, comment vont-elles croître ?
Pour moi il est évident que la Confédération doit aussi contribuer à la solution du problème. L’idéal serait de pouvoir adapter les ressources financières au taux de croissance économique. Ces dernières années, il oscillait entre un et deux pour-cent. Et il est certain que la croissance actuelle de 0,5% par an ne suffit pas.

Certains disent que l’économie profite de la mobilité. Et que c’est à elle d’en supporter les coûts.
Nous avons examiné ce genre de concepts. Aucun ne m’a convaincu. Soit les entreprises récupèrent ce qu’elles ont à payer sur le salaire de leurs employés, soit elles le facturent à leurs clients. A la fin, ce sont toujours les mêmes qui paient.
Vous voulez augmenter le prix des billets de train de 10% en moyenne. Les CFF pourront-ils y ajouter des pour-cent supplémentaires?
Les entreprises de transport sont responsables des tarifs. Les CFF touchent plus de 3 milliards de francs par an de la Confédération pour couvrir leurs frais de fonctionnement. Avant qu’ils ne demandent de nouvelles hausses tarifaires, ils doivent augmenter leur productivité. J’attends aussi un effort de leur part. Car les hausses tarifaires ne doivent en aucun cas pousser les usagers du rail à reprendre leur voiture.

Ce risque existe.
La voiture reste plus chère que le rail. On peut donc accepter une augmentation de prix pour certaines offres sur le rail. Mais on ne peut pas augmenter les différents abonnements de la même manière. Chez les étudiants, on ne va pas augmenter les prix de 10 ou 15% d’un coup.

Taxerez-vous davantage les pendulaires aux heures de pointe ?
Je veux au moins pouvoir en discuter, tout en mettant l’accent plutôt sur les rabais et les incitations. Avec l’abonnement «Voie 7» pour les jeunes, il y a déjà une incitation à voyager à certaines heures. Il faut faire en sorte que ceux qui ont la possibilité de se déplacer en dehors des heures de pointe le fassent. Cela permettra des économies en déchargeant quelque peu les infrastructures.

Publié dans Suisse

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