France-Italie : l’Autoroute ferroviaire alpine dans l’impasse
Une polémique technique entre la France et l’Italie bloque le développement de l’autoroute ferroviaire alpine, alors que les travaux du tunnel ferroviaire du Mont-Cenis sont achevés.
Les autoroutes ferroviaires sont appelées à se multiplier et leur caractère vertueux est régulièrement mis en avant par les pouvoirs publics. L’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui le développement de l’Autoroute ferroviaire alpine apparaît dans ce contexte d’autant plus choquante et irrationnelle.
L’AFA, fruit de partenariats français et italiens soutenus par l’Europe relie depuis 2003 la vallée de la Maurienne à Orbassano dans la banlieue de Turin. Elle a progressivement trouvé son marché, dépassant en 2009 le cap des 100000 camions transportés. Un résultat encourageant dans la mesure où le gabarit du tunnel ferroviaire du Mont-Cenis contraignait les convois à n’accepter que des citernes, soit 7% du trafic poids lourds sur cet axe transalpin.
La montée en puissance de l’AFA est donc conditionnée au nouveau gabarit du tunnel qui atteint 4 mètres de haut et accueille ainsi un éventail de camions, ou leurs seules remorques, beaucoup plus étendu. Les travaux prévus pour quatre ans ont duré environ le double, notamment en raison de la présence d’amiante, mais aujourd’hui tout est achevé. L’Autoroute ferroviaire alpine pourrait comme cela était prévu à partir du 1er janvier élever son rythme de quatre à cinq allers-retours quotidiens, retrouver ses deux voies de service et satisfaire donc une nouvelle clientèle qui a été démarchée, prête à se convertir, en partie au moins, à ce nouveau mode.
Mais tout est bloqué pour des raisons technico-administratives liées à des normes. À l’inverse de RFF (Réseau Ferré de France), son homologue italien RFI ne donne pas son feu vert aux nouvelles conditions d’exploitation. La bataille pour la désignation du futur exploitant de l’AFA pour laquelle deux candidats sont en lice : l’un Français emmené par la SNCF et l’autre italien mené par Trenitalia pourrait ne pas être étrangère à cet imbroglio.
La Transalpine, association qui milite pour la ligne grande vitesse Lyon-Turin et soutient l’AFA s’en est ému auprès des plus hauts niveaux des États et de l’Europe qualifiant cette situation « d’inconcevable ». Les responsables des transports Jacquemoz, basés à Modane, se désolent aussi de cet état de fait alors qu’encouragés par plusieurs de leurs gros clients, ils avaient décidé d’emprunter l’autoroute ferroviaire. Le sujet devait être évoqué vendredi 14 janvier entre Thierry Mariani, secrétaire d’État en charge des Transports et son homologue italien mais la rencontre a été reportée.